♂ était ♀ fois
Il était une fois, un pays où vivaient Rois, Chevaliers, Princesses et Dragons. Un monde parfait dans lequel chacun vivait pleinement sa vie telle qu’elle devait l’être et où chaque chose se passait comme il fallait.
Un jour, dans ce grand royaume naquit un tout petit bonhomme, c’était le fils du plus grand Roi de la région et tout le monde était très content qu’il soit là.
Le bonhomme, lui, n’avait pas demandé grand-chose, mais il était content d’exister et il aimait beaucoup son papa qui était beaucoup moins petit que lui.
Mais son papa avait beaucoup de choses à faire, alors le chevalier se retrouvait souvent tout seul.
Un jour, alors qu’il jouait dans les alentours du château, le jeune chevalier entendit des bruits dans une petite caverne, il s’approcha doucement de la sombre entrée, curieusement, il n'avait pas peur.
Il aperçut alors deux yeux brillants le fixer dans la pénombre, puis soudain surgit alors une tête semblant être sculptée dans de la pierre noire et, dans son prolongement, un long coup semblant aussi doux qu’un pelage de chat.
La créature fixa le chevalier pendant longtemps, elle avait une forme tranchante et élégante à la fois. Elle tourna autour du garçon, l'air intrigué. Puis la créature déploya deux magnifiques grandes ailes et partit loin dans le ciel. Le petit garçon était stupéfait, il n’avait rien vu d’aussi impressionnant de toute sa vie.
Le soir venu, lorsqu’il dîna avec son père, le chevalier ne tenait plus en place :
« Papa ! Papa ! J’ai vu une chose extraordinaire, une créature incroyable, avec de grandes ailes ! Et des yeux qui semblaient être taillés dans des joyaux ! Je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi spectacu…
-C’était un Dragon mon fils, tu as vu un Dragon. Dit alors son père, lui coupant la parole. Puis il se tut, il jeta un coup d’œil sur son épée et dit fermement à son successeur :
- Peut-être est-il temps que je t’explique les choses de la vie maintenant mon fils. »
Alors son père l’emmena dans un grand couloir rempli de tableaux de différentes tailles, avec pleins d’images de châteaux, de jolies princesses, et de dragons crachant des flammes.
« Vois-tu fils, depuis la nuit des temps dans notre magnifique royaume, les choses fonctionnent simplement mais divinement bien. Chaque jour dans notre monde, quand un chevalier né, une princesse naît aussi.
Les princesses grandissent et sont élevées dans des donjons, on leur apprend alors les manières et les règles des choses de notre monde. Quand le moment est venu, elles s’endorment dans un grand lit de soie et de plumes de Phénix et attendent qu’un chevalier vienne les délivrer pour qu’il devient alors Prince.
Les délivrer ? Mais, de quoi ? Dit-alors le chevalier.
-Des Dragons fiston, les Dragons sont des monstres mettant à l’épreuve la volonté des chevaliers. Des êtres ailés chargés de protéger les princesses et de réduire en bouillie tous ceux n'étant pas assez digne d'en faire des Reines.
Et puis soudain le Roi s’arrêta devant une grande vitrine dans laquelle était exposé un coussin. Sur celui-ci trônait un casque de chevalier orné d'une petite plume rouge.
« Tu vois ça, c’est mon vieux casque de chevalier, celui que j’avais quand j’étais un peu plus grand que toi, avec lui j’en ai sauvé des princesses ! J’en ai terrassé des Dragons ! Tu te souviendras de chacun de tes combats mon garçon, ils sont tous grandioses, plein de coup d’épées, d’actes de bravoure. C’est le grand cycle de la vie mon fils !
Le petit chevalier ne comprenait pas grand-chose. Il ne comprenait pas trop pourquoi on enfermait des gens, ni pourquoi il fallait porter ce ridicule masque, mais il aimait beaucoup son papa, alors, il fit mine d’être d’accord avec ce qu’il disait.
Le Roi repris, tendant le casque à plume à son fils.
« -Fils, dès demain tu t'entraînera à tuer des Dragons, à devenir brave et valeureux et accomplir moult quêtes à travers le Royaume.
Tout ceci donnait un peu le tournis au chevalier :
« -Euh… et bien, si les choses fonctionnent ainsi, d’accord, dit-il ; puis après un silence il demanda « Mais en vrai, c’est quoi ? Les Princesses ?»
Le père sourit, puis dit de vive voix « Ah ça ! Beaucoup de monde aimerait bien le savoir ! »
---
Une fois dans son grand lit, le petit chevalier se promit de tout faire pour réussir à libérer les princesses. Si il l’avait sût plus tôt il aurait pu tuer ce maudit Dragon !
Durant les semaines qui suivirent le petit homme s’entraîna encore et encore, il grandit et devient alors un jeune et beau chevalier, enfin, c’est ce que disait son père.
Puis, un jour son père pointa du doigt l’horizon et dis « Tu vois le donjon tout là-bas ? Ces deux tours biscornues ? Et bien je pense que tu es prêt pour ta quête mon fils. De te voir avec ton épée et mon casque, je ne pourrais être plus fier, part fils, et prouve ton courage et ta valeur ! »
C’est ce qu’il fit. Et ce fût plus simple qu’il ne le crût.
Le chevalier alla donc pourfendre son premier Dragon et sauver sa première princesse. Le problème, c’est qu’il ne savait pas trop quoi faire ensuite, après tout, on ne lui avait jamais dit… Et vu qu’il s’ennuya vite il décida de faire ce qu’il pensait faire le mieux, continué à sauver des princesses.
Il rencontra des Dragons de toute sortes, certains fier et robuste, d’autres fin et presque cadavérique, certains Dragons avait même carrément réussi à le terrasser, dans ces cas-là il se dirigeait simplement vers un autre donjon, parce qu’il n’avait pas trop envie de se prendre la tête non plus.
Un jour, alors qu’il était de passage dans un village, il s’arrêta dans une auberge afin de s’enfiler un bon godet de bière baveuse (il avait appris à aimer boire) et il y surprit une conversation :
« Comme j’vous l’dis les gars, circule une histoire comme quoi il existerait une princesse pas commode dans les environs, paraîtrait même qu’elle est sortie d’elle-même d‘son donjon et qu’elle aurait même ben bâtie son propre château ! »
Cette histoire dépassait l’entendement ! Une princesse sortant de son donjon !? Le Chevalier était trop curieux pour laisser passer cette quête qui avait l’air ô combien plus palpitante que les autres.
Il prit la route, glanant des informations et indications sur cette princesse soi-disant « pas comme les autres ». Et puis un jour, alors qu’il traversait la forêt du comté de Gourilor, le vent lui apporta quelques notes de musique, suivant le son il tomba devant un château fait de terre, de bois et de feuilles. C’était ravissant.
Il semblait y avoir une grande fête : musique, rires et cris s’échappaient de la grande porte. Le chevalier, attiré, pénétra dans la cour et y vit alors, quelque-chose d'incroyable. Des tonnes de chevaliers se tenaient là, devant un grand trône sur lequel siégeait une princesse qui les regardait d’un air amusé.
Et puis, derrière elle, se tenait, l’enroulant de son cou, un immense dragon. Une aura émanait de lui, comme s’il semblait la protéger et de plus… il avait l’air d’être sculpté dans de la pierre noire.
Le chevalier n’en revenait pas. Le tout premier dragon qu’il avait vu de sa vie se tenait là, plus grand, derrière une princesse qui était… et bien qui était….
Le chevalier ne pût clairement se le dire mais... elle était belle oui… très belle même, elle semblait si… unique. Elle se tenait là, mal assise sur son trône, à regarder avec dédain et amusement la troupe de chevalier qui lui servait de divertissement.
Ils se battaient, dansaient, certains chantaient devant elle. Ils parlaient aussi, beaucoup, de leur valeur au combat, de leurs victoires, ils se revendiquaient tous grands chevaliers, promettant une vie de château à la belle ! Elle ne semblait pas être très emballée par ce flot de promesses. Puis, elle vît le jeune chevalier, regardant l’assemblé d’un air timide.
« Hé toi là, le petit avec une plume rouge !
Le garçon, vexé, se souvînt de la couleur de la plume sur son casque, il avança lentement. Son cerveau semblait ne plus suivre le rythme de toutes ces nouveautés, il dit-alors :
-Euh… C’est bien de moi que vous…
-Oui, oui, je ne t’ai jamais vu par ici, bienvenue dans mon château ! N’hésite pas à fabriquer et à t’amuser de la vie en ces lieux. Que viens-tu faire de beau ici, sinon ?
Le jeune homme était ailleurs. En réalité, il ne regardait pas vraiment la princesse... ses yeux fixaient le Dragon, illuminé par la pureté de son noir si pure.
Alors sans trop réfléchir il dit : « Ton Dragon…Euh… Il a nom ? »
Toute l’assemblée se figea, et regarda le chevalier pendant un long moment puis, tous les grands et forts chevaliers se mirent à rire. La princesse, elle, fixa le chevalier puis rit à son tour :
« Il s’appelle Zéphyr. Elle regarda le dragon. Elle a l’air de bien t’aimer. C’est étrange, ce n’est pas une chose qu’on demande habituellement en premier aux princesses.»
-Oh.. Euh, oui pardon, je n’avais pas… »
- Ce n’est rien voyons »
Puis elle balaya l’assemblé du regard, chevaucha son Dragon, puis en lançant un sourire elle dit :
« A une prochaine fois peut-être, chevalier à la plume rouge ! » et on la vit partir au loin dans le ciel.
Elle partait parfois à dos de Dragon sans raison et revenait 2 ou 3 heures après. D’autres fois elle grimpait dans les arbres ou encore se baignait dans les rivières aux environs, chantait avec les oiseaux. Des fois elle se mettait tout simplement sur une branche pour regarder le soleil se lever. Jour après jour le chevalier ne put s’empêcher de la suivre lorsqu’il la voyait sur un chemin, avec son Dragon, ou quand il l’apercevait perchée en haut d’un arbre.
Il suivit la princesse en cachette pendant longtemps, des fois il avait envie d’aller la voir, ou même de sortir son épée pour voir comment le Dragon réagirait, mais il restait caché. Enfin, c’est ce qu’il pensait, la princesse n’était pas sotte, elle voyait bien ses petits yeux qui la suivaient au loin.
Un jour, agacée d’être suivie, elle lui dit « Hé toi, le chevalier à la plume rouge ! Vas-tu te décider un jour à sortir de ta cachette !? » Le chevalier remarqua alors qu’il n’aimait pas être identifié à sa plume rouge, puis il sorti timidement de son buisson.
« Tu veux jouer un peu avec moi ? Au lieu de rester là, à observer le temps qui passe. » Dit-elle
-Jouer ?... Euh… je ne sais pas trop ce que c’est…
-Vraiment ? Tu ne rigoles pas ?
-Non, moi, on m’a juste appris à sauver des princesses. »
Elle sourit tristement, lâcha un petit « Ha ? » mais reprit d’une voix joueuse : « Hé bien viens, je vais te montrer ! »
La jeune fille et le petit garçon passèrent ensemble une journée délicieuse. Elle lui apprit à grimper dans les arbres, il aimait beaucoup ça. Elle lui apprit à lancer des cailloux sur l’eau, il adorait ! Il l’a battu même aux nombres de rebonds ! Elle lui montra comment composer un bouquet plein de couleurs, il s’en fichait un peu. Elle lui enseigna comment faire chanter les oiseaux, il était fasciné, elle lui montra comment construire une cabane de bois et de paille et il voulut construire la sienne. Non vraiment ce fût une bien belle journée, sauf, bien sûr, lorsqu'elle reparti sur le dos de Zéphyr.
Ce soir-là, le jeune garçon construit une cabane rien qu’à lui, il se surprit à la décorer de fleurs, puis monta sur une branche pour regarder la lune. Il ne comprenait pas trop pourquoi il faisait ça, « j’imagine que c’est ça, jouer...» et le chevalier sourit, parce qu’il était heureux.
Le lendemain il se précipita au château de la princesse, pressé de la revoir. Et tomba devant le spectacle habituel : des chevaliers, faisant la queue et attendant leur tour pour tenter d’impressionner la belle ; cette fois il se dit qu’il ferait la queue lui aussi. Il ne savait pas trop quoi faire, il voulait juste apprendre de nouvelles choses d’elle.
Alors, après un chevalier qui dansa avec une robe de plumes, un peintre qui lui offrit un tableau et un combat épique entre deux grands et forts guerriers, le petit chevalier se présenta enfin devant la princesse, qui la regarda d’un air curieux mais détachée. « Alors, que vas-tu faire chevalier à la plume rouge ? »
« Euh… Je ne connais pas grand-chose tu sais. Justement ! Je voulais que tu m’en apprennes encore plus ! »
Alors la princesse se leva, s’approcha du visage du jeune garçon et lui dis :
« Pfff, t’es nul en fait. Suivant ! »
Alors, le petit chevalier parti, et pendant que le soleil se couchait il grimpa jusqu’à la plus haute branche de l’arbre prés de sa cabane, il regarda la lune qui commençait apparaissait petit à petit, et le chevalier pleura, parce qu’il était vide.
Le lendemain, après une nuit sans sommeil, le chevalier ne voulut plus retourner au château de la princesse, il ne voulait plus tuer de Dragon non plus, finalement il ne voulait plus grand-chose. Alors il prit son épée, mit quelques provisions dans un petit bout de tissu et prit une direction au hasard, et il marcha.
Il vît des collines sur lesquelles pleuvaient des étoiles, parcourut une prairie dont l'herbe, effleurée par le vent, jouait une douce symphonie. Il traversa une grotte ou la gravité était inversée, il dut même livrer un combat absurde contre du vide dans le palais du temps perdu.
Il grandissait petit à petit ce jeune chevalier.
Et puis, un jour il vu une chose que peu de gens ont pût voir. Dans une grande clairière au milieu d’une forêt dense...
Un homme et une femme se tenant la main regardaient un jeune bébé, dormant sur l'herbe, le front illuminé par un mince filet de lumière. L’Homme leva soudain les bras en l’air et dit : «Qu’en ces lieux où la nature es belle et fertile soit érigée la force d’un nouvel être. Que le Grand lui fasse grâce de sa protection et de sa force.»
Alors, un grand éclair de lumière et de feu éclata au milieu de la clairière, des pierres s’érigèrent du sol, l’herbe vibrait, le ciel s’éclaircit et une petite maisonnette de pierre jaillit du sol, au milieu de l’herbe qui reprit doucement le rythme du vent.
« Crois-tu que ça ira pour notre petit ange ? » demanda la femme.
-Ne t’inquiète pas, pour protéger notre princesse, cette maisonnette s’érigera en un donjon, chaque jour nous poserons une pierre, elle sera ainsi protégée de ce monde. Tout ira bien pour elle, je te l’assure »
Et ils partirent. Le petit chevalier était abasourdi, il avait vu ! Il avait vu comment on enfermait les Princesses et il ne comprit plus.
Il n’avait pas souvenir de ça à sa naissance. Il n’avait d’ailleurs pas beaucoup de souvenirs.
Il marcha, sans vraiment s'en rendre compte. Que faisait-il ici ? Pourquoi marchait-t-il ? Quelque-chose était différent... avant.... avant il ne se posait pas de questions.
Puis il se souvint de sa mère, il se souvint des yeux du Dragon qu’il avait vu petit, et il se rendit compte que ses pieds le menaient vers le lieu où il naquit.
Le chevalier retourna au château. Cela faisait longtemps qu’il était parti ce jeune garçon, et une fois devant le château quelle ne fut pas sa surprise de voir l’état déplorable de l’édifice.
Sept ans, cela fait exactement sept ans que le petit chevalier était parti et il se retrouvait là, au milieu de tapisseries vieillies et de statues fissurées. Une respiration douce et lourde résonnait et envahissait la salle du trône. Il vit son père endormi, la barbe longue et des marques sur le visage, pour la première fois il put regarder longtemps l'observer.
Le petit chevalier se rendit compte qu’il était devenu plus grand que le Roi.
« Fils ?, dit-alors le vieux Roi, levant péniblement la tête. C’est toi mon fils ? »
« Oui père, c’est moi.
-Bon sang… Que tu as grandis.
-Si peu. Il jeta un œil tout autour et ajouta, que s’est-il passé ici, enfin ?!
Alors, le Roi prit son épée sans grande conviction, puis le regard vide il dit à son fils.
-Rien… le temps. Les habitants ont quittés la contrée, plus de ressources, plus de vie dans le sol. Je ne sais que gouverner fils, je ne sais qu’être un Roi, mais on n'a plus besoin de moi… Tout le monde est parti, je suis seul dans ce grand château. Il respira un grand coup, l’œil posé sur son épée, puis il leva la tête et dis : « Mais et toi mon garçon, que viens-tu faire ici ? »
-J’aimerais que tu me parles. De Maman. »
Le bras du Roi trembla, il se leva faiblement de son trône, il sourit et dit :
« Oh oui… c’est vrai. Ta mère. »
Puis il se leva et marcha doucement. Le jeune Homme le suivit, ils prirent le même chemin qui autrefois lui apprit les règles de ce monde, mais ce couloir était maintenant vide, les tableaux au sol, comme si ils avaient étaient violemment arrachés du mur.
« Mon fils, ta mère…. Ta mère m’a sauvé d’un Dragon. Il regarda dans le vide, se tut pendant un temps puis s’esclaffa tristement « Tu l’aurais vu à l’époque ! Je parcourais la contrée sur mon pauvre âne, je n’étais pas très glorieux en vérité tu sais, avec mon casque et une plume de poulet dessus. J’arpentais la route vers un donjon réputé peu véloce et facilement accessible. Puis voici que soudain un dragon se pose sur mon chemin, faisant fuir de peur mon âne, surmonté de toutes mes affaires. J’étais lamentable échoué au sol, je pensais être mort fils. Puis ta mère arriva de nulle part, entonnant une mélodie à l’aide d’un drôle d’instrument, je ne sais toujours pas comment, mais elle dompta la bête et m’aida à me relever »
-Tu… tu n’as pas sauvée Maman dans un Donjon comme toutes les princesses ? Comme tu me l’as dit ?
-Fils… tout ceci est ridicule. Ta mère… ta mère avait raison.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-On a parcouru le monde ensemble fils, je suis monté à dos de Dragon, puis on t’a eu. Et j’ai décidé qu’il était temps d’arrêter le voyage et j’ai construit un château, pour toi, pour vous. J’ai ensuite décidé de devenir un Roi.
-Où est-elle maintenant ?
-…Elle t’a élevé jusqu’à tes 4 ans. Moi, je devais accomplir mon rôle de Roi, je devais apprendre à construire dans ce monde, elle, elle devait cacher son Dragon qui pouvait effrayer les gens, moi, je devais mentir et m’endurcir. Et puis un jour, ce fût trop pour elle, elle partit avec son Dragon.
-Mais… Pourquoi est-ce que tu…
-J’ai été un Roi. Pendant longtemps je me suis dit que gouverner était la bonne chose, j’étendais de jour en jour mon empire ! Et puis… il y avait toi. Je la maudissais d’être partie, de t’avoir abandonné. J’étais sans nouvelles pendant des mois, des années même ! Je faisais tout pour toi, les paysans m’aimaient et se sentaient en sécurité. Le temps a passé et… on oublie la douceur du vent quand on s’entoure de pierre mon fils.
-Et Maman ? Ou est-elle mainte….
-Les années passèrent, j’ai choisi d’oublier, pour ne pas avoir mal. Dans les tavernes alentour on racontait diverses histoires, contes et légendes. Un jour on m’en rapporta une qui se propageait de villages en villages : un Dragon semblait se déplacer en liberté et serait guidé par une prêtresse maléfique, je n’ai pas prêté attention à ces histoires, et puis j’avais une armée à gérer. Un jour en rentrant de bataille, victorieux, les villageois m’accueillirent avec un cadeau : une statue.
Brusquement le vieil Homme leva son bras et enfonça la lame de son épée dans une fente taillée dans un bloc de granit, une lumière bleue s’échappa et une porte s’ouvrit alors.
Là, devant eux, s’érigeait une statue noire de Dragon aux yeux d’émeraudes.
Regardant tristement le Dragon, il continua « Tous mes sujets me regardèrent et ils me dirent en cœur « Regarder notre bon Roi ! Nous avons scellés le Dragon de la prêtresse, n’est-ce pas une prise magnifique ? »
-Il ressemble à…
-C’est le Dragon de ta mère. »
Alors un silence se fit. Le jeune Homme serra les poings
« -Maman… Tu as laissé tomber Maman.
-Je ne l’ai pas laissé tomber ! Après tout c’est elle qui est partie ! Ils… l’ont brûlé au bûcher car elle leur faisait peur ! Sanglotant et tremblotant, le Roi tomba sur ses genoux. Je n’avais pas le ch….
Le jeune Homme frappa le vieillard au visage avec une rage si forte qu'il le fit tomber au sol.
« -Et ce que tu m’as appris, hein ?! Qu’est-ce que je dois faire de ça dans ce monde ? Pourquoi continues tu as enseigné ça !?
-Ils l’ont tué Fils ! ILS L’ON TUE PARCE QU’ILS EN AVAIENT PEUR TU COMPRENDS !?
-Alors c’est ça la quête de bravoure et de gloire ? On enferme les personnes dans des Donjons puis on a peur de celles qui en sortent, on brûle, on chasse, on tue les Dragons sans comprendre ? PARCE QUE C’EST AINSI ?!
-Ta mère et moi voulions le meilleur pour toi…
-Le meilleur ?! Je ne sais rien faire ! Je ne sais pas jouer, je ne sais pas peindre ou chanter, je sais à peine rêver ! Je suis éloigné de tout et des autres et tout ça pourquoi ?!... Parce que la SEULE CHOSE QUE TU M’AS APPRISE…
Le jeune Homme enleva alors violemment son casque à la plume Rouge, et lançant, un regard noir mêlé d’incompréhension et de désespoir :
C’est me battre.»
Il lança au sol son casque, qui roula aux pieds du vieux Roi.
« A quoi bon ?... A quoi bon autant vouloir se battre pour faire sortir les Princesses de leur Donjon, si c’est pour en construire un plus grand encore par la suite ?
Le Roi saisit son ancien casque, caressant doucement sa plume, puis en serrant l’objet contre son torse il dit
«Parce que, au moins on se dis que ce donjon… On l'a construit ensemble, que c’est le nôtre...
Le vieil Homme se mit alors à pleurer et, comme si une force traversait sa gorge, il hurla :
Tu ne peux pas comprendre ! C’est l’Amour fils ! »
Le jeune Homme regarda une dernière fois son père et quitta le château, la mâchoire serrée, tremblotant et fatigué.
Son père avait raison, il avait grandi.
Dehors, comme par hasard, il pleuvait. Le jeune Homme n’avait nulle part où dormir, alors il se construit une cabane et chercha quelques herbes. Il se réfugia dans sa maison de bois et chercha le sommeil, sans succès. Puis les jours suivants, il marcha, marcha encore et encore, il ne faisait plus attention au paysage, il ne regardait plus les étoiles, il ne remarquait plus les fleurs. Et de nuit en nuit sans pouvoir dormir, chaque pas de jour en jour le fatiguait un peu plus. Il marchait encore sans savoir pourquoi.
Il rencontra de bonnes gens qui prirent soin de lui le temps d’une nuit, il aida quelques paysans pour obtenir de la nourriture, il construit un pont pour pouvoir travers une colline, il essaya même de communiquer avec les animaux. On le prit pour un fou parfois, mais les gens l’aimaient bien, et il se mit à dormir mieux.
Puis un soir, alors qu’il décida de se reposer prêt d’un ruisseau, il surprit une conversation.
« -Une sorcière j‘te dis ! Elle a fait cramer la forêt d‘la comté des marchands d’Sordia avec sa maudite bête !
-Mais c’est t’y pas l’autre demoiselle qu’on parlait la dernière fois à la Taverne
-C’est elle-même, « la difficile », pas un seul chevalier lui suffit on dirait. Elle et sa maudite bête se baladent partout dans la forêt, à faire des choses pas nettes à ce qu’on raconte. Paraîtrais même qu’elle s’rait sous l’emprise de s’te bestiau maléfique ! Qu'ils seraient tout deux des envoyés du diable, qu’elle doit être une sorcière pour se pavaner avec ce Dragon de malheur et refuser une vie de château !
-Ce Dragon noir m’a toujours filé la chair de poule, et puis entre nous, cette sorcière est plus proche d’une fille de peu de foi que d’une princesse. »
Ils se mirent à rire grassement, alors notre héros se plaça au milieu de leur route, sorti son épée pour diriger sa lame vers les deux compères et dit vaillamment :
« Cette Femme. Vous aurez beau vouloir affubler l’être de bien pathétique rôles ou de risible adjectifs, cela n’y changera à sa brillance, maintenant, vous allez me dire ou se trouve le comté dont vous parliez tout à l’heure, sombre sots.
Les deux gueux regardèrent le jeune homme, presque effrayés et répondirent :
-On… Je.. je, c’est par là, vers l’Est qu’on.. Qu’on dit qu’on l’aurait vue avec ste maudite bê… euh, son Dragon noir, mais y s’dis que tout le clergé veut sa tête et qu’elle est va être pas mal traquée »
Alors le sang de notre protagoniste ne fit qu’un tour, il rangea son épée et couru vers l’Est
Dehors, profitant de sa course, un des ancêtres ajouta :
« Elle s’ra plus d’ce monde quand t’y arriveras ! S’te maudite sorcière s’ra morte ! »
Il courut, à travers bois, à travers les chemins de terre, à travers les ruisseaux. Il avait faim, il était encore fatigué, et puis soudain, il trébucha près d’une colline, il tomba et roula au sol, se cogna, percuta branches et cailloux et s’effondra sur le sol, les vêtements déchirés et son épée se détacha pour atterrir plus loin. Il essaya de se relever, mais il s’effondra et tomba dans un lourd sommeil.
« Hé bien. En voilà une belle d’âme égarée, dit une voix grave et chantante. »
L’âme en question ouvrit difficilement les yeux et regarda autour d'elle... Le petit chevalier ne comprenait pas le paysage, tout était très lumineux, il y avait des couleurs qu’il n’avait jamais vu avant.
Devant lui se dressait un grand Homme qui lui semblait familier... il pensa qu’il devait très certainement rêver. Il regarda longuement l’Homme, qui lui souriait d’un air serein. Puis, prenant peu à peu conscience de la réalité de cet être, il finit par demander :
« -Qui… Qui êtes-vous ?
-Moi ? Personne, enfin, pas vraiment quelque chose d’exprimable. Et toi, t’es qui ? Demanda-t-il tout sourire.
-Et bien je suis…
-Non, je veux dire, qui prétends-tu être ? Sa longue cape flottait au vent, sous ses cheveux, le petit homme percevait des yeux brillants et perçants. Cet homme semblait lire en lui le plus simplement du monde.
-Que veux-tu dire ? Enfin si j’y pense…je ne suis plus un chevalier, peut-être ne suis-je finalement qu'un garç… »
Et là, le Grand Homme approcha son visage du petit garçon intimidé, lui coupant la parole, il sourit puis lui tira la langue, non sans lâcher quelques postillons et dit, la joie dans la gorge :
« Pfffrrttt… Allez fais pas ta Princesse mon grand ! » Il sauta dans les airs et se tenait maintenant sur un grand rondin de bois duquel s’écoulait de la sève d’un bleu brillant.
« -Je ne suis pas une Princesse, dit vexé le garçon.
Il se rendit compte qu’il avait le casque à la plume rouge sur la tête.
-Ha ha ! Tu es autant une princesse qu’elles sont chevalier petit ! Il sauta de rondin en rondin. Dis, à tout hasard, t’as déjà chevauché une autruche ?
-Je… je ne sais pas ce qu’est une autruche.
-Tant mieux, c’est tout bonnement ridicule comme animal, une blague visuelle, vraiment ! Bon, à bouffer ce n’est pas crade hein, avec une petite sauce à l’ail et puis quelques…
-Vous comptez vraiment me parler de cuisine maintenant ? Qu’est-ce que je fais ici ?
-C’est vrai ça ! Qu’est-ce qu’on fait ici ?
-Vous ne le savez pas non plus ?
-Si.
-Ah ! On est où alors ?
-Nulle part.
-Pourtant on est ici.
-Rien ne le prouve.
-Tout ceci n’a aucun sens.
-Oh si il doit sûrement y en avoir un, peut-être même deux ou trois. Où est-ce qu’ils peuvent bien être fourrés, ça, par contre....
-On parle pour rien dire là.
-On parle toujours pour rien dire.
Le grand Homme jonglait maintenant avec ce qui semblait être des étoiles, ou des oursins. Nul ne put vraiment le savoir.
Les facéties de cet homme en cape amusaient le jeune garçon. Puis la réalité lui revint à l'esprit : Elle.
-Je ne peux pas rester ! Je dois partir !
L’Homme redescendit, il semblait soudainement beaucoup plus grand que tout à l’heure...
-Je ne te retiens pas.
-Comment puis-je partir alors ?!
-Euh… Je ne sais pas, tu peux partir par là-bas si tu veux.
-Par-là ?
-Oui ou par là-bas, comme tu le sens.
Bien qu’amusant cet Homme était particulièrement irritant.
-Est-ce que tu sais quelque chose bon sang ? Tu es quoi ici, enfin ?!
-Oh, tu sais moi je ne peux pas trop décider pour toi. Et tant que tu ne m’as pas dit qui tu étais je ne dirais rien.
-Rah mais je voulais le dire tout à l’heure ! Je m’appelle...
L’homme lui coupa encore la parole, notre héros notifia alors qu’on lui coupait souvent la parole.
-Tss, toujours rien compris hein ? Bon attends un peu. L’homme sortit de sa cape un instrument taillé dans du marbre et fit retentir une musique. Les notes étaient délicieusement claires et précises, elles semblaient même raconter une jolie et courte petite histoire.
Puis ils entendirent un bruit de course, une masse noire apparut à l’horizon
-Écoute, vu que tu ne sais pas partir d’ici je vais t’emmener dans un coin, tu vas voir c’est l’éclate, voici justement ma monture qui se ramène.
Puis un être au gros corps, au long cou et avec deux jambes d’oiseau apparu.
« Sérieusement ?! Une Autruche !?, Il tendit soudainement son bâton vers le ciel et dit alors : Tu te moques de moi c’est ça ?! Tu sais très bien que je n’aime pas ces bestioles ! »
Le petit garçon n'avait absolument aucune idée de la personne à qui s'adressait le Grand Homme. Il commençait à être inquiet, il se demanda même pendant un moment si il n’était pas mort et si il n’assistait pas à une sorte de blague céleste.
-Dites, je dois vraiment partir, quelqu’un a peut-être besoin de mon aide et…
-Mais oui, mais oui, t’ira contenter ton épée de gloire et de bravoure plus tard p'tit gars, de toute façon tu ne sais pas partir.
-C’est vous qui ne savez pas me dire où est la sortie !
-Oh bah oui, bien sûr ! Accuse-moi de t’être perdu ! Bon après si tu veux, par là il y a un panneau de directions, mais faut pas les suivre, en général ça mènent toujours vers des culs de sacs ces saletés. Sinon tu montes sur le dos de cette hideuse créature et tu me fais confiance.
L’autruche parut vexée de cette remarque.
Le petit garçon se dit lui, après réflexion, qu’il préférait faire confiance à un Homme mystérieux en cape plutôt qu’à un panneau.
L’autruche s’avéra être une monture étonnamment confortable, cependant elle poussait d’horribles cris fort désagréables.
Le chemin qu’ils empruntèrent était très abstrait. Des ombres brumeuses planaient sur la forêt de laquelle émergeaient d'étranges plantes envahissant des bâtiments à l'architecture non moins étrange.
Le corps du jeune chevalier semblait vibrer, il sentait une chaleur l’envahir, il comprenait de moins en moins ce qui se passait, il semblait juste… couler, presque flotter au-dessus du sol.
« -Tiens, on arrive gamin !
-Ah…Et… on arrive où ?
-Ahah ! On se le demande souvent ça hein ?
-…En fait je pense que je vais arrêter de poser des questions
- C'est ça, t’as compris le principe »
Puis, sous les pieds de l’Autruche apparut de l’herbe, notre héros senti alors le vent sur son visage.
-« Nous sommes dehors ?!
-Regarde… regarde devant »
Descendant de l’autruche, il s’approcha du rebord de la falaise et regarda devant lui, il vit un grand arbre et, au milieu de ses belles branches une grande maison de bois.
Une magnifique cabane, avec des fanions de toutes les couleurs, quelques bougies avec de grandes flammes lumineuses, des échelles de cordes, des fleurs et du lierre grimpant sur les murs, comme si l’arbre et la demeure ne faisaient plus qu’un.
« Tu veux y jeter un coup d’œil ?, dit alors l’homme aux vêtements amples.
-Je… Je ne sais pourquoi est-ce que…
-Allez, viens, ne t’inquiète pas pour le temps, il n’existe pas ici.
-Comment ça... ? »
A peine avait-il pût finir sa phrase qu’il se retrouvait au milieu d’une large pièce, ressemblant à un salon. Sur les murs trônaient énormément de sculptures en bois, des mosaïques recouvraient les murs, et sur les étagères, de petits appareil marchant à l’eau. Et puis au milieu de la pièce un grand tableau, immense et incroyable.
« -Mais… Ce visage c’est…
-Oui, c’est ton père et ta mère. C’était sa maison ici.
-Ma mère ?! Cette cabane c’est… celle de ma mère ?
-Sûrement.
-Comment ça sûrement ? Est-ce que…
Puis le jeune homme se rappela qu’il était inutile de poser des questions.
Il regarda le tableau, son père et sa mère étaient jeunes, beaux, ils souriaient. Puis, alors qu’il se croyait fort, le garçon pleura.
Pourquoi pleures-tu, jeune enfant ? Dis l’Homme aux yeux perçants.
Je ne sais pas… je... Il regarda ses mains. Je… crois que je ne sais pas ce qu’est l’Amour, je ne l’ai pas vu.
Et Alors, l’Homme à la cape explosa de rire.
« Ah ah ah ! L’amour ! Mais voyons ! Bien sûr que tu n’y comprends rien !
Il leva son bâton au ciel, l'air s’engouffrât sous sa cape qui s'envola et alors l’espace entier apparut autour de lui.
- L’Amour n’est qu’une définition donné à une force qui anime la vie, une force aussi étrange que celle qui fait couler ton sang dans tes veines.
Les gens vivent, construisent, pleurent, chantent, manipulent, créent, danse pour elle.
TOI !
Toi petit garçon apeuré. Si tu trembles devant cette force c’est que tu reconnais sa puissance mais que tu ne sais tout simplement pas quoi en faire.
Alors je te le répète encore une fois : Qui es-tu ?
-Moi ! Le Héros ! Le… Le Personnage Principal !
- Ah ah ! Ce n’est pas le rôle que je demande, mais son essence.
-Un Chevalier ! NON ! Un… un jeune homme.. qui.. qui vient d’un roi déchu et d’une héroïne à qui on a détruit sa force.
Du coup, l’Homme au bâton, convoqua et aligna les étoiles.
Pour les envoyer directement dans sa tronche.
Il flotta vers lui et dit-alors :
« -Tu n’as rien compris jeune sot, ne juge pas si vite les géants que sont tes parents.
Il grimpa sur l’échelle situé à côté du tableau. Elle le mena vers une petite chambre au-dessus de l’arbre, sous les étoiles.
Le jeune homme sonné, le suivit, et là il vit.
Il vit des tonnes et des tonnes de photos, de dessins, de moments, de petits jouets. Lui. Partout, sa mère, son père, lui. Des lumières de toutes les couleurs, des cousins charmants et confortables, une chaleur incroyable.
-Alors ? Dit l’Homme à la barbe. Tu comprends ? Ce que construit parfois l’Amour ? Tu dis ne pas savoir ce que c’est, alors que tu en es l’essence même.
Même si c’est absurde, même si parfois c’est court, rude, cruel.
Tu vis, alors aime.
Et une énorme boule de feu parcourut la pièce détruisant toute la cabane.
« Ah ah ! La réalité ! Bon courage à toi gamin !
-At.. Attendez ! Qu’est-ce que…
-T’inquiètes pas mon grand ! Ta mère est encore en vie !
-Qu… QUOI ?! Mais qu’est-ce que…
-Allez, allez, on a assez parlé, tu vois bien que tout explose, vis maintenant !
Vis ! »
Et le jeune homme se réveilla dans une forêt en flammes. Le feu l’entourait, une épaisse fumée noire envahissait le ciel. Un cri.
Un Dragon ?! Serait-ce elle ?
« Zephyr ! Kof kof…»
Il toussa. Il ne pouvait plus respirer. Il se baissa pour se protéger des flammes et courut devant, se couvrant la bouche de sa cape.
La chaleur était intenable, le paysage se transformait en arbres de flammes, en pluies de cendres.
Il n’y avait plus d’étoiles dans le ciel.
Il manqua de souffle, usa de toutes ses forces et se retrouva alors au milieu d’une clairière, l’air était un peu plus présent ici et on pouvait voir la lune à travers le ciel noircit.
Puis, il vit la scène.
Elle, accompagnée de Zéphyr crachant de grandes flammes, détruisant à grand coup de queue le donjon qui avait été construit en ces lieux.
Elle avait de la fureur dans le regard, elle hurlait. Ses vêtements étaient déchirés, une épaisse tunique noire couvrait ses cheveux, les yeux fatigués, gardant un sourire figée, crispée. Ce n’était plus une princesse, c’était devenu une guerrière.
Elle se retourna, et le vit. Elle sortit son arc et ses flèches et pointa une flèche directement vers le héros.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? Va-t’en !
-Attends ! Je… je suis venu pour t’aider ! Pour te sauver !
-Je me sauve très bien toute seule. Ne t’approche pas de Zéphyr.
Sur ces mots, le toit du donjon s’effondra alors sur le sol dans un vacarme et une pluie de gravats
-Non ! Attends, tu ne comprends pas ! Je ne veux pas kof… kof, toucher à ton Dragon.
-MENTEUR !
Sur ces mots, elle sauta sur le dos de la créature à la peau noir. Il s’éleva et de ses grandes ailes éteignit les flammes alentours. Elle scanda :
« -Tu n’es rien de plus que les autres ! Tu construiras des prisons tout au long de ta vie comme les autres ! Tu as tué des tonnes de Dragons ! C’est dans votre nature à vous ! Hein ?!
C’est comme ça que vous êtes, vous autres ! Chevalier ! »
Zéphyr commença à partir.
NON !
Et alors là, le jeune homme courut. Il courut alors qu’il ne pouvait à peine respirer, il courut alors que c’était impossible et s’accrocha à la queue de Zéphyr.
« -Lâche là ! Tu vas lui faire mal !
- Enfin arrête ! Tu te rends compte que tu es en train de brûler la forêt !?
-Tais-toi ! Zéphyr ! On s’en va, je veux être seule ! Seule avec mon Dragon ! »
Mais Zéphyr d’un mouvement de queue fit s’envoler le jeune Homme dans les airs pour atterrir sur son dos, en face de la jeune Femme.
-Zéphyr ? Qu’est-ce que… ? »
Puis Zéphyr fila à vive allure et s’éleva très haut au-dessus du sol. Et ils virent alors la fumée se mêler au blanc des nuages devant la lumière des étoiles. De là-haut, sur dos de Dragon, nos deux personnages regardaient leur monde brûler.
Une bourrasque enleva l’épaisse capuche de la furieuse guerrière, ses yeux s’ouvrir grand. Elle regarda ce qu’elle avait fait.
« C’est… c’est toujours pareil hein ? Lorsqu’on y croit…. Qu’on croit en vous, en tout ça, on veut en faire quelque chose de ce monde. Mais… mais tout ça est si effrayant, cette cage… comment certains arrive à continuer à vivre là-dedans ? Moi… moi je n’y arrive pas,
Moi je crame tout. »
La lune éclaira alors son visage. Elle souriait tristement.
« Maman. »
Et puis elle hurla.
« Qu’est-ce que je dois faire hein ?! JE NE PEUX PAS ! JE NE PEUX PAS SAUVER CE MONDE ! »
Soudain une pluie de flèches s’abattu sur eux. Zéphyr se pris trois flèches enflammées tandis qu’elle en reçut une. Le Dragon fila, son aile droite était amochée.
« Zéphyr ! Hurla-t-elle, Tiens bon ma grande.
-Je veux me battre ! Je… Je ne veux pas que ce monde touche à vous deux.
-Je dois m’occuper de Zéphyr, les flèches qu’elle a reçues semblent l’avoir mise assez mal en point.
-Passe-moi ton arc, je ferais de mon mieux.
-Tiens. Là, une garnison ! Tout va bien ma belle ? Oh je ne sais pas si elle pourra encore tenir longtemps… »
D’un coup de flèche, il fit tomber une troupe de quelques chevaux, la forêt était encore en flamme. Le pays entier devait voir ce qu’il se passe.
Zéphyr s’effondra sur la plage. Elle commençait à devenir faible.
« -Comment va-t-elle ? Dit-il.
-Elle va s’en sortir, on a vu pire.
Il y avait un vent très fort, le bruit de la mer semblait faire un lourd bruit de calme.
-J’imagine… Je…
-Qu’est-ce que tu faisais dans cette forêt pourquoi est-ce que tu me suis ? Hein ?!
-C’est que…
Et là le jeune Homme prit une grande inspiration
« Tu vois, c’est peut-être idiot tout ça, mais après tout je suis censée le héros. Tu sais ? Tu le connais-toi ce jeu ?
Pendant un temps j’ai cru qu’il fallait simplement être… je ne sais pas, un chevalier ? Mais ça ne m’amusait pas. Après il y a eu toi. Alors j’ai cru qu’il fallait tout repenser ! Que je ne savais pas jouer ! Que j’avais besoin de toi pour apprendre à m’amuser !
Alors qu’en fait il fallait simplement être, tout court.
C’est ridicule n’est-ce pas ? Je veux dire après tout, depuis tout ce temps, on ne cherche que ça
J’ai rencontré un drôle de bonhomme tu sais ? Il m’a montré plein de choses, ce que j’étais. Et puis je me suis dit qu’en fait… Qu’en fait je savais jouer ! C’est juste, tu sais, ce monde !
Tu ne m’as pas appris à m’amuser, tu m’as juste rappelé de vivre.
Enfin… Je crois.
-Ha Ha ! Et bhé mon gars on peut difficilement faire plus mielleux.
L’Homme à la cape venait d’apparaître et flottait au-dessus de sa tête, les yeux pétillants et affichant un grand sourire.
-Tu m’étonnes ! Nan mais il se prend pour qui lui, il croit être le seul héros ici ou quoi ? T’as pas vu la classe de ma protégée.
Une Femme avec une grande écharpe fais d’étoiles et de constellations était apparu au-dessus de Julia, croisant les jambes d’une allure décontracté.
-Votre protégée ? Mais de quoi vous voulez parler ? Dis la jeune femme un tantinet sonnée par la situation.
Pendant ce temps notre héros avait un peu chaud.
-SORCIERE ! LA VOILA !
Une horde de personnages fous de rage et de peur surgirent des bois. Des sombres silhouettes d’hordes de chevaux, de lances, de torches et de flèches dessinèrent les contours de la sombre masse qui s’approchait d’eux.
La colère de leur monde.
-Zéphyr ! cria-t-elle.
La foule grondait, elle courait en hurlant vers nos héros.
« -Bon sang ! Les enfants ! Je pense va falloir déguerpir d’ici vite fait là !
-Mais, et Zéphyr ? »
Une boule s’érigea en haut du ciel, et retomba avec un sifflement sur le sol, vers nos héros.
Et là, un grand éclair se fit entendre. Un bouclier, un incroyable bouclier fait d’or et d’un métal indestructible.
« -Fils. Va-t’en.
-Père ! Qu’est-ce que tu fais ici ?!
-Voyons ne sois pas stupide ! Ce que je fais toujours ! Protéger mon Empire ! Et ce monde ne touchera pas à un seul de ces cheveux ! Pars, fais mieux que moi.
-T’inquiètes pas pour ça, vieux sage. Dit alors d’un air jovial l’Homme a la cape.
Il semblait ne pas le voir ni l’entendre.
-On doit partir, dit la femme à l’écharpe cosmique. Vous devez sortir de ce monde.
- Et Zéphyr ?
-Ne t’inquiètes pas pour lui, laisse le ici, il survivra, je te l’assure.
-NON ! Je ne pars pas sans elle !
Pendant ce temps, le roi contenait une armée, hurlant, ayant la force de 35 hommes.
-Tu n’as pas le choix. Dis l’Homme à la cape.
-Bon alors, heu… ça risque d’être un peu perturbant.
-Qu’est-ce que vous voulez dire par…
Ensuite il se tût. Et vu qu’il se trouvait une fois encore dans l’espace.
- Vous n’inquiétez pas vous deux, le temps est suspendu.
-Pardon ? Dit-alors la jeune femme un peu perturbée.
-Ecoutez, vous êtes grand maintenant, chaque jour le temps passe. Vous devez partir de ce monde.
-Mais comment ? Et puis que voulez-vous dire ? Il existe d’autres mondes ?
-Il existe tellement, tellement de chose jeune garçon. Si on choisit de composer d’autres rôles, de… tu sais. Jouer à autres chose.
La Femme à l’écharpe d’étoiles leva ses mains et dit-alors :
« -Toi jeune héros, tu n’es pas un chevalier, tu n’es pas un guerrier, mais tu possèdes la force de modeler ton monde. Et toi jeune héroïne, tu n’es ni une princesse, ni une guerrière, mais la vie coule en toi avec une incroyable grâce.
-Vous êtes des aventuriers.
Autour d’eux apparurent alors des milliers d’Etoiles, certaines proches, d’autres lointaines, des cercles de couleurs et des formes semblait flotter autour d’eux, comme si elles assistaient à la scène.
Un cercle se traça autour d’eux et un halo d’une lumière violette brilla autour d’eux.
-Enlevez vos vêtements.
-Pardon ?!
-Quoi ?!
- Posez pas de questions. T’façon ça fais des plombes que vous portez les même fringues. Aller hop hop, on a un monde auquel on doit rendre hommage et s’échapper !
-En général, c’est ce qu’on fait quand on perd ses illusions.
Ils se retrouvèrent donc nus et gênés. Une grande lumière leur parcourra le corps, deux longues tuniques, une pour lui avec une longue cape douce et légère flottant au vent, et une autre pour elle avec une longue écharpe chaude et moelleuse.
-Oh, et puis échangez vos armes, Toi gamin tu seras mieux à l’arc et puis pour toi ma grande, le corps à corps semble plus indiqué.
Alors, intriguée, ils prirent et observèrent l’arme de l’autre.
-Bon bah sur ce ! On vous laisse hein.
-Mais ! Scanda-t-elle, Expliquer nous un peu ce qu’il se passe enfin !
-Oui, enfin… Qu’est-ce qu’on doit faire ?, ajouta-t-il.
-Partez vers les deux collines par là-bas, vous trouverez un énorme geyser vous verrez.
-Mais enfin, tout semble si…irréel.
-C’est un conte ma belle, une histoire parmi tant d’autre.
-Vous y arrivez, après tout, on le sait, on est dans vos têtes.
Et ils disparurent. Le Roi était contenait encore difficilement contenir la foule. Zéphyr observait nos héros avec ses yeux brillants.
-Qu’est-ce qu’on fait ? Hé ! Attends !
-Je ne veux pas laisser Zéphyr… C’est… Je ne suis rien sans elle tu comprends !?
Les yeux émeraudes de Zéphyr se mirent alors à briller, elle se mit soudain à foncer vers Julia, elle l’observa longuement, tourna un peu sa tête, puis ses yeux semblèrent devenir transperçant.
« Chut »
Dit-elle.
Et ensuite, puisant dans toutes ses forces, elle déploya ses larges ailes et vola au-dessus du Roi. Crachant des flammes pour effrayer la foule en colère.
« On doit partir.
-Je sais. »
Elle serra ses poings, ils laissèrent couler quelques larmes. Puis la jeune femme releva la tête, regarda les deux collines au loin et marcha.
Le jeune homme la suivit.
Ils marchèrent longtemps, le regard sur le sol, les pensées ailleurs.
Ils observèrent leurs vêtements, leurs armes, ils se regardèrent.
Et puis, ils se rendirent compte qu’ils étaient libres.
« -On y va à la course ?
-Et comment !
-Je vais te mettre ta pâtée. »
Et ils se mirent à courir, leur pas s’enfonçant difficilement dans le sable, le vent frappant leur visage, leurs habits volants harmonieusement au rythme du vent et puis, après un peu d’hésitation et de regards, ils se mirent soudainement à rire.
Ils ne comprenaient rien, mais, cette mer, ce vent, ces vêtements, ce sable si doux, ses collines qui se dessinent au loin, ces mondes ! Cette vie !
Petit à petit, le calme semblait se faire, plus personnes semblait vouloir les poursuivre, ils partaient trop loin.
Ils arrivèrent devant les deux collines, au milieu, un geyser et un grand vent, un vent très fort mais doux qui semblait aller vers le ciel.
« -Et… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
-Je ne sais pas, j’imagine que c’est ici qu’il doit y avoir une sorte de portail.
-Tu veux le quitter toi ? Ce monde ?
-Je ne sais pas, j’ai peur, c’est sûr mais… bon sang. Que tout ceci est exaltant. »
Il leva les bras au ciel
[Découvre qu’ils peuvent voler grâce aux vêtements]
Et alors ils se rendirent compte qu’ils pouvaient voler, le vent les portait vers le haut, il sentait des forces en eux, ils pouvaient flotter, ils savaient porter ces vêtements.
« -Hu hu ! C’est plutôt cool !
-Attends ! Attends.
[Ils font les cons]
-Que vas-tu faire toi ? Une fois dans un autre monde ?
-Tu crois qu’il y autre choses que des châteaux ?! Des Grandes statues, des monuments immenses !
-Je veux voir d’autres danses ! Je veux continuer à voler encore plus haut !
-Je veux peindre ! Je veux faire la plus grande cabane du monde et pouvoir courir sans jamais m’arrêter !
Ils se mirent à danser au milieu du vent.
-Et on se reverra tu crois là-bas ?
-Bien sûr ! Un jour ! Je ne sais même pas où on part après tout.
-Et on jouera ensemble ?
-Oh oui !
« Ce serait bien, dirent-ils ensemble. »
Puis le vent les emporta dans une forte bourrasque et ils volèrent.
Et nos héros se transformèrent, l’écharpe de la jeune Femme libéra quelques étoiles.
Ils riaient, chantaient, ils voulaient tout sentir, tout voir, comprendre tout, apprendre encore et encore toutes les danses.
« Tu vois ?
Tu comprends maintenant ?
Tu ne veux pas mourir ! Tu le sens ?
Tu vis »
Se dit-il à lui-même le jeune Homme à la cape.
Et ils partirent, ils disparurent dans un souffle de vent, dans un éclat.
Et nul ne sut vraiment s’ils vécurent ensemble, ou même heureux.
Mais ils vécurent, et c’était déjà pas mal.